Cryptomonnaies

Blockchain et écologie: greenwashing à tous les étages

De nombreux promoteurs de la blockchain affirme que la blockchain peut aider à résoudre les problèmes de la planète: il s'agit de désinformation pour l'essentiel.

J'ai été contacté par un organisme de formation qui surfe sur la mode du Web3 et qui s'est positionné sur le web 3 "utile".

La jeune femme (jamais engagée dans aucune action écologique) que j'ai eu au téléphone m'a affirmé que les NFTs pouvaient aider à lutter contre le réchauffement climatique.

J'ai eu beau lui dire que rajouter une couche de technologie qui consommait de l'énergie et des matières premières à quoique ce soit ne pouvait aider la planète, elle me répondait que je devais m'ouvrir et apprendre....

Elle m'a indiqué que des écoles l'Ecole Polytechnique démontraient le contraire.

C'est totalement faux. C'est de la pure désinformation et le greenwashing le plus cynique.

Je lui ai pourtant conseiller de faire preuve de plus de prudence attendu que j'avais un peu d'expérience dans la séquestration de CO2 par la plantation d'arbres (la relation la plus facile entre NFTs et réchauffement climatique).

Pour attester de ces propos, elle m'envoie un lien vers un rapport fort bien nommé du point de vue commercial: "Blockchain et Développement durable 2022".

En résumé, ce rapport est une profession de foi reposant sur des affirmations gratuites.

Exemple: "Alors que la plupart des technologies ont tendance à automatiser les travailleurs de la périphérie, qui effectuent des tâchessubalternes, les blockchains automatisent le centre. Au lieu de mettre le chauffeur de taxi au chômage, les blockchains mettent Uber au chômage et permettent aux chauffeurs de taxi de travailler directement avec leurs clients".

Rien ne démontre cette affirmation.

Autre exemple: "Alors que la plupart des technologies ont tendance à automatiser les travailleurs de la périphérie, qui effectuent des tâchessubalternes, les blockchains automatisent le centre. Au lieu de mettre le chauffeur de taxi au chômage, les blockchains mettent Uber au chômage et permettent aux chauffeurs de taxi de travailler directement avec leurs clients".

Rien ne démontre non plus cette seconde affirmation cette affirmation.

Les trois auteurs du rapport sont des entrepreneurs ou consultants qui vivent de la blockchain.

L'association qui publie ce rapport qui ressemble plus à un dossier de presse, utilise la caution de partenaires comme l'Ecole Polytechnique en faisant apparaître leur logo sur la premiere de couverture.

Mais sur la 5eme page, on découvre que le contenu du rapport n'a pas été validé par l'Ecole Polytechnique, bien au contraire:  "L’Association Blockchain for Good publie des analyses indépendantes et les opinions exprimées dans ce rapport n’engagent que leurs auteurs et ni les individus ou les organisations consultées, ni nos partenaires, l'Insitut Louis Bachelier, la chaire Blockchain@X de l'ÉcolePolytechnique".

On parle bien d'opinions personnelles de trois chefs d'entreprise et, pas d'un rapport scientifique, rédigées en respectant les règles.

Ils ne peuvent, donc, critiquer la blockchain qui leur permet de générer des revenus.

Ces chefs d'entreprise ne sont jamais engagés de façon significative dans une action écologique significative.

Tous les biais de leur rapport sont résumés dans le paragraphe suivant.

Contrairement à une idée reçue , associer blockchains et lutte contre le changement climatique n’est pas un oxymore. Des initiatives blockchains dans le domaine de l’environnement et du climat (chapitre 4) donnent à voir de nouvelles organisations visant à décentraliser les marchés volontaires de carbone, des marchés de l’eau, le financement de collectes de déchets, les dons en crypto-actifs fléchés vers des projets environnementaux ou bien encore projets d’agroécologie et de reforestation.

Toute la "démonstration" de ce document repose, donc, sur deux choses

- Une affirmation gratuite " associer blockchains et lutte contre le changement climatique n’est pas un oxymore"

- Les "marchés volontaires de carbone", des marchés de l’eau

Les "marchés du carbone" sont des systèmes vicieux (indépendant de la blockchain) où l'on achète des droits à polluer et à abaisser son bilan carbone officiel d'entreprise lorsque l'on est pas capable d'abaisser ses émissions de CO2 réelles, pour expliquer que l'on est écolo lorsque l'on ne l'est pas.

Ils incluent notamment, les crédits carbone récupérés de la plantation d'arbres qui sont calculés de façon totalement erronée dans 90% des cas comme l'ont démontré des universitaires sérieux dans un article du Guardian.

Moi, je sais cela depuis longtemps car j'ai pousser 20 000 arbres sur un terrain agricole et je vois bien que tous les acteurs de ces marchés sont insincères des associations aux entreprises en passant par les organismes de certifications. Et, en même temps, je suis un pro du numérique qui décortique tout ce qui sont. Je l'ai fait avec la blockchain comme avec ChatGPT

Le coeur du problème: il n'est pas possible de créer un marché du carbone rentable pour les entreprises. Cela ne fonctionne pas. C'est comme un business model qui ne résiste pas à la réalité. Du coup, pour le rendre rentable, il faut tricher sur les quantités de CO2 réellement captées ou inventer des quantités de CO2 captées (comme dans le cas de la protection des forêts existantes où il n'y a aucun gain au niveau du CO2 séquestré). C'est ce que font les entreprises, les associations qui souhaitent financer des projets de reforestation, ainsi que les organismes de certification (que les arbres sont bien plantés et poussent).

Alors, si l'on ajoute un acteur de plus dans la chaîne de valeur (une boîte qui gère les NFTs), le marché est encore moins rentable et oblige encore plus à tricher.

Une start-up française a lancé un projet de vente de NFTs censés financer la plantation d'arbres (et encore pire, la préservation de forêt ou des arbres sont déjà présent). A coup sur, cette start-up fera de l'argent, mais n'améliorera qu'une seule chose: le bilan carbone excel théorique des grandes sociétés, pas l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère.

Comme d'habitude, cette société joue sur l'ignorance de ses clients. Elle cite des chiffres qui sont incohérents: sur une page, elle affirme que les arbres plantés sur l'un de ses projets séquestreront 8000T de CO2 "dans 20 ans" (c'est à dire à partir de l'année 20) et à un autre endroit que ces arbres séquestreront 8000T de CO2 "sur les 20 prochaines années" (c'est à dire de l'année 1 à l'année 20).

Enfin, dans le dernier paragraphe, les 8000T de CO2 sont censés être l'équivalent de 300 millions de kms parcourus en voiture. Aujourd'hui, une voiture à moteur thermique plutôt économe, rejette 10kg de CO2 pour 100km, soit 30 000T de CO2 pour 300 millions de kms. Donc, les 8000T de CO2 théoriquement séquestrés ne compenseraient que 80 millions de kms. Soit l'entreprise qui vend ses NFTs anticipe une réduction drastique des émissions des moteurs thermiques, soit elle profite de l'ignorance de ses clients. A moins qu'elle ne sache pas du tout calculer les émissions de CO2 d'une voiture. NB: même des véhicules électriques sur tout leur cycle de vie émettraient beaucoup plus de 8000T de CO2 en roulant 300 millions de km.

C'est comme "le marché de l'eau" évoqué dans le rapport qui vise essentiellement à permettre d'affirmer que ceux qui ont le moins bien la ressource en eau sur les 20 dernières années (les deux leaders du marché de l'eau que l'on ne citera pas pour ne pas avoir de problème), sont, en réalité, des protecteurs des ressources en eau.

Bref, la blockchain peut efficace du point de vue énergétique empire le problème écologique dans 99,9% de ses usages et neutre dans les 0,1% restants (les fameux projets "Blockchain for good").
Ses promoteurs misent sur l'ignorance de la plupart des gens normaux sur la réalité de la blockchain, d'une part et des mécanismes de séquestration du CO2, d'autre part.

EXCLUSIF

35 Formations
Intelligence Artificielle
Marketing Digital
Ecommerce
Forfait illimité: à partir de 166€/mois

Accès 100 collaborateurs

Découvrir

Recevez des exclus !

Contenus liés

Search