L'internet par satellite, une alternative sérieuse face aux limites de l'ADSL et de la fibre ?

Alors que la France – comme la plupart des pays européens – franchit le cap des 90 % d'entreprises et foyers raccordables théoriquement à la fibre optique, il reste encore des millions de foyers mal desservis pour qui une connexion par satellite fait office de bouée de sauvetage.
Les faiblesses de l'ADSL et de la fibre
L'ADSL, petite fille de la connexion séculaire via le réseau cuivre du téléphone, voit son débit décroître avec la distance au central de raccordement; à plus de 3 km de ce dernier, l'affaiblissement linéique fait chuter le débit en dessous de 8 Mbit/s et rendent les usages vidéo plus qu'aléatoires.
La fibre, par sa part, passe à côté de cet écueil, mais son déploiement stagne depuis des années dans les territoires les moins densément peuplés : en 2025, 10 % des foyers, administrations et entreprises ne sont toujours pas raccordables. L'Arcep signalait même, il y a quelques semaines encore un ralentissement de 27 % du rythme de pose de nouvelles lignes au 3á?? trimestre 2024.
Autre risque sous‑estimé : la vulnérabilité physique du réseau dans un contexte du renchérissement de la tonne de cuivre au niveau mondial (à cause de l'électrification à tout va des moyens de transport) qui a engendré des vagues massives de vol de câbles de cuivre, entraînant des coupures longues dans certaines communes. Pour les entreprises en zone blanche, l'incertitude opérationnelle devient critique.
Impact de la fermeture du réseau cuivre
Le plan d'extinction de l'ADSL d'orange d'ici 2030 implique des migrations forcées, mais à l'heure où nous écrivons cet article, 4 millions de lignes n'ont pas encore d'alternative fibre. Dès lors, disposer d'un lien satellitaire redondant apparaît comme une stratégie de résilience plutôt que de confort.
Les principales techniques d'une connexion satellite
Orbite géostationnaire
Historiquement, les offres européennes de connexion par satellite pour un très haut débit, comme celles de Nornet, reposent sur des satellites géostationnaires positionnés à 36 000 km au‑dessus de l'équateur. Cette hauteur permet une couverture stable, mais induit une latence d'environ 600 ms (plus d'une demi-seconde) aller‑retour. Les faisceaux en bande Ka, plus serrés, ont toutefois dopé le débit, dépassant 100 Mbit/s sur les derniers satellites de type VHTS.
Orbite basse
Avec Starlink et bientôt Kuiper, on parle de constellations de milliers de satellites circulant à 550 km. La distance plus courte abaisse la latence à 25‑60 ms, proche d'une boucle locale câblée, tout en autorisant des débits de crête supérieurs à 250 Mbit/s. Cela se fait à un prix très élevé dans le contexte de tensions géopolitique actuel. Les données personnelles non protégées par le RGPD, la dépendance à un acteur étranger, Elon Musk ou Jeff Bezos, qui peut menacer de couper les connexions si ses intérêts nationaux ou même privés le poussent dans cette direction. De plus, en vous abonnant à un service étranger, vous jouez contre la souveraineté numérique de votre pays.
Les performances du satellite : débit, latence, stabilité
Sur le terrain, les tests de certains opérateurs affichent une moyenne de 186 Mbit/s en download et 27 Mbit/s en upload, avec un ping médian de 43 ms. C'est comparable à la fibre mutualisée dans de nombreuses communes, les débits théoriques de 8Gbit/s de la fibre affichés sur les plaquettes commerciales. Cela contraste avec les 20Mbit/s, 30Mbits ou 50Mbits observés sur le terrain, y compris dans les agglomérations pourtant bien connectées. Il ne faut jamais oublier qu'en bout de course, le débit d'un abonné donné, ne correspondant jamais qu'à la bande passante totale du fournisseur d'accès divisée par le nombre d'utilisateurs connectés à un moment donné. Même si la connexion est peut-être de 8bit/s entre lui et le fournisseur d'accès, il peut y avoir des embouteillages au niveau du fournisseur d'accès.
Les satellites géostationnaires peuvent améliorer leur ping, mais la stabilité de leur faisceau de bandes Ka les rend attractifs pour la vidéo à la demande — d'autant que l'ACM compense les aléas météo. Enfin, la capacité embarquée par le nouveau Konnect VHTS franchit la barre du térabit par seconde, augmentant significativement le nombre d'abonnés pouvant partager la ressource sans saturation perceptible.
En clair, la question n'est plus « peut‑on streamer en 4K ? », mais « combien d'écrans simultanés accepte notre forfait internet par satellite ? »
Tout savoir sur les conditions d'éligibilité et d'installation
Une adresse est éligible dès lors qu'aucun obstacle (arbre, relief, bâtiment) n'obstrue le cône de visibilité de la parabole (entre 25° et 35° d'élévation pour la France métropolitaine). Le kit standard comprend parabole (de diamètre de 74 cm), tête émettrice/réceptrice, modem satellite et câbles.
Aides financières : le plan Cohésion Numérique
Depuis 2019, l'État subventionne l'équipement satellite jusqu'à 300 €, voire 600 € pour les foyers modestes, à travers le dispositif Cohésion Numérique des Territoires. Les opérateurs labellisés déduisent l'aide directement sur la première facture : un levier décisif pour les ménages ruraux.
Installation professionnelle ou DIY ?
Passer par un installateur professionnel (qui réglera l'orientation millimétrique et garantira l'étanchéité du câblage) est plus que recommandé, car une erreur d'azimut de 1° peut diviser par deux le débit. Mais ceci n'est pas nécessaire si votre fournisseur vous offre un système plug-and-plays qui permet à la parabole motorisée de s'auto‑pointer en moins de 15 minutes.
Comparaison des offres actuelles d'internet : comment choisir ?
Les tarifs d'entrée de gamme varient entre 30 €/mois et 90 €/mois auquel il faut ajouter le matériel vendu entre 300 € et 500 €. En France, actuellement, les foyers éligibles peuvent bénéficier de kit satellite à 0€.
Côté performances, la latence est l'élément différenciant : si vous jouez en ligne, privilégiez LEO ; pour de la vidéoprotection consommant beaucoup d'upload nocturnes, une offre GEO avec priorisation peut être plus économique.
Avant de signer, vérifiez la politique de fair use : passé un certain volume, la bande passante est souvent bridée aux heures de pointe.
Souveraineté numérique : un nouveau critère de choix
Aussi que nos amis américains avaient pour dirigeants des hommes considérant la France comme un allié et non comme un vassal ou une cible, le choix d'un opérateur américain restait raisonnable. Mais dans le monde dans lequel nous vivons la nationalité du fournisseur est devenue un critère de choix de premier plan.