Google va lutter contre l’Intelligence Artificielle Générative de GTP sur 3 fronts
Vous avez tous du lire des posts ou articles qui indiquaient que le monopole de Google sur le monde de la recherche était remis en cause par ChatGPT d’Open AI, qui bien que balbutiant, était suffisamment performant et populaire pour qu’Alphabet se sente menacé.
De nombreux sites, qui citent tous un article du New York Times, font état d'une « alerte rouge » contre GPT qui aurait même été lancée chez Google, par le patron himself.
L’article ne dit rien de tel (et pourtant l’info a été reprise par des centaines de sites francophones…).
Mais, on peut imaginer que ce soit des algorithmes de veille qui aient lancé, chez Alphabet, une pré-alerte constatant que les dérivées du nombre de recherches sur « ChatGPT », du nombre de posts Twitter sur GPT ou du nombre d’articles publiés sur GPT étaient un peu trop pentues. D’autres algorithmes internes d’analyse de sentiment ont dû malheureusement confirmer que ChatGTP était apprécié par ses utilisateurs.
Même si un alerte rouge formelle n’a pas été lancé chez Google, Google se prépare probablement à livrer une guerre sur trois fronts contre la technologie GPT d’Open AI
1er front : ChatGPT
Comme évoqué dans un article que j’ai publié sur 24pm Academy, je pense que ChatGPT est un concurrent potentiel de Google, en dépit de toutes ses imperfections actuelles.
Google se targue depuis des années d’être devenu un moteur de « réponse » plus qu’un « moteur de recherche » car il répond directement à certaines requêtes dans la page de recherche (météo, définition encyclopédique, âge des célébrités, la fameuse « position zéro » contenant un extrait de la page qui répond le mieux à la question posée par l’internaute…)
Or, ChatGTP comme tout chatbot, répond aux questions… Mais il le fait de façon beaucoup plus efficace que les chatbots d’ancienne génération et, surtout parfois, mieux qu’une page de résultat de Google..
Problème : si Open AI peut lancer un chatbot « imparfait » en tant que « petite start up » challenger de Google, la multinationale Alphabet est beaucoup plus réticente à lancer un chatbot « imparfait ».
2eme front : le business model
Quand bien même Google parviendrait-il à lancer un chatbot concurrent de son moteur de recherche pour contrer ChatGPT, un challenge de taille l’attend : le pivot de son business model qui repose actuellement sur la vente des premières positions sous forme de publicités.
On lit ici et là, qu’un chatbot ne peut afficher qu’un seul résultat (la réponse parfaite à la question posée) et qu’il n’y a pas de place pour la publicité.
C’est doublement faux : on peut imaginer que la réponse se compose d’une réponse objective non commercial et d’un call to action commercial en fin de réponse mettant en avant un annonceur.
Ensuite, de nombreux requêtes (« montre de luxe homme », par exemple) appelle par définition des réponses commerciales (sous forme de liste de produits dans le cas d’espèce).
Il y a donc de la place pour de la publicité dans un chatbot.
En revanche, ce modèle des « réponses de chatbot sponsorisées » n’ayant jamais été testé à grande échelle, personne ne peut imaginer la différence de potentiel entre les Google Ads actuelles et les « Chatbot Ads ».
3eme front : les contenus générés par GPT3 (et bientôt GPT4)
Depuis la sortie de GTP (version 1), on a constaté une explosion de contenus web générés par l’IA alors que leur qualité (du point de vue d’un humain) était toute relative. GPT3 en 2022 a permis de réaliser un saut quantitatif et tous les utilisateurs de GPT3 attendent GPT4 annoncé pour 2023.
Or, Google n’aime pas les textes issus de l’IA générative.
Search Engine Journal révélait cette semaine dans un article déjà relayé par Olivier Duffez que Google avait publié un rapport de recherche concernant une technique de détection des contenus créés par de l’IA générative (GTP, version 2 sans le nommer directement) et les contenus humains de faible qualité. De là à penser que l’une des mises à jour majeures de Google en 2022, « Helpful content » qui visait officiellement les contenus de faible qualité, s’appuie sur la technique décrite dans ce rapport et vise d’abord les contenus générés par GPT, il n’y a qu’un pas intellectuel à franchir.
D’autant que le même article indiquait que les modèles d’IA dont la mission étaient de détecter les contenus générés par l’IA générative, s’étaient aussi révélés, par sérendipité, capables de détecter des contenus « humains » de faible qualité.
NDLR : attention, l’analyse de la « qualité » ne se ferait, selon l’article de Search Engine Journal, que sur la syntaxe et la grammaire, mais pas sur le fond. On sait, par ailleurs, que Google pénalise, depuis longtemps, les textes dont le vocabulaire est trop commun (les pages remplies de verbiage).
Illustration de cette guerre
L’ironie du sort veut que lorsque vous effectuez une recherche dans Google sur « alerte rouge Google ChatGPT », le 4eme résultat est un article d’un site brésilien (Showmetech) traduit par de l’IA (Deepl, Google Translate ?) probablement de l’anglais vers le français.
https://www.showmetech.com.br/fr/chatgpt-fait-%C3%A9mettre-une-alerte-rouge-%C3%A0-google/
Nulle besoin d’un algo d’IA pour détecter le recours à la traduction automatique : tournures de phrases curieuses, vocabulaire inusité en 2023…), fautes de typo, l’article est rempli de maladresses.